Saint Etienne de Muret ( 1046-1124 ) fils du vicomte de Thiers, en Auvergne, passa son adolescence chez son oncle, ancien chanoine de Paris devenu archevêque de Bénévent dans le sud de l' Italie.
Délaissant une vie brillante qui lui était destinée par son éducation, il s' installa dans le Limousin pour mener une vie érémitique dans les bois de Muret près d' Ambazac.
Il méditait les Ecritures et les oeuvres des Pères de l' Eglise. Il avait une dévotion particulière pour l' office de la Sainte Trinité et préférait la prière de louange à celle de demande. Il réunit des disciples et ensemble ils menèrent une vie de grande solitude et de simplicité en réaction contre les abbayes puissantes de l' époque.
Après sa mort le 8 février 1124, son disciple Hughes de Lacerta, chassé par les bénédictins d' Ambazac fit construire une église à Grandmont à quelques kilomètres, grâce aux dons de Mathilde la mère du futur Henri II Plantagenêt, roi d' Angleterre et seigneur de la région.
Châsse de Saint Etienne de Muret conservée à Ambazac
Les moines suivaient une règle orale, transmise depuis saint Etienne, mais vers le milieu du XIIème siècle le quatrième prieur Etienne de Liciac la fixa par écrit. Elle était essentiellement fondée sur l' Evangile, refusait la possession de terres étendues et les responsabilités paroissiales. Les moines devaient vivre dans l' autarcie et la solitude communautaire, repas et dortoir communs. Le prieur de chaque maison était choisi parmi les frères lais ou convers. Les convers, chargés de la vie matérielle ( le temporel ) étaient sur le même pied que les moines clercs.
Cette règle fut approuvée par le pape Adrien IV en 1156, puis par le pape Alexandre III en 1171 et confirmée par le pape Clément III en 1189 qui canonisa Etienne de Muret.
A la fin du XIIIème siècle l' Ordre comptait 160 maisons et 1200 moines. Cet essor entraîna une réforme dans un sens plus cénobitique en 1317 et un regroupement des maisons.
Cloître de l' abbaye Saint-Michel de Grandmont ( Hérault )*
L' architecture de l' Ordre était caractérisée par son extrême simplicité : église à nef unique et très peu d' ouvertures, plan en quadrilatère du monastère ( la celle ) avec un hôtellerie très simple pour les pélerins.
Mais après le XVI-XVIIème siècle, l' ordre divisé entre maisons recevant des dons et maisons de stricte observance connut une période de décadence inéxorable. L' Ordre des Bonshommes, comme on l' appelait était raillé pour sa pauvreté d' esprit.
L' évêque de Limoges, à court d' argent, fit valoir devant la commission des réguliers réunie en 1765 devant Louis XV la nécessité de disperser l' Ordre. Le pape Clément XVI fut obligé de suivre l' avis royal et confirma son extinction. Les derniers moines quittèrent Grandmont après l' enregistrement du Parlement de Paris en 1787 de la décision du pape, et l' abbaye-mère fut démolie en 1788.
Liens : http://perso.orange.fr/grandmont/Ordre_de_Grandmont.html ( remarquable site )
La communauté dominicaine de l' abbaye de la Haye-aux-Bonshommes, près d' Angers, est installée depuis 1979 dans une ancienne abbaye grandmontaine.
http://perso.orange.fr/grandmont/nouvelles_de_la_haye.htm
* Photo Dr Klaus Janker, site http://fr.structurae.de/photos/